Cinq choses à savoir sur les nouveaux cardinaux, reflets d’une Église mondialisée

Le pape François, 86 ans «créera» samedi 21 nouveaux cardinaux issus de quatre continents, dont la majorité seront appelés à élire un jour son successeur. Voici cinq choses à savoir sur ce Consistoire, le neuvième du pontificat de François depuis son élection en 2013, qui reflète la mondialisation de l'Église.
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Un rituel solennel

Samedi à 10H00 (08H00 GMT), le pape «créera» 21 nouveaux cardinaux lors d’une cérémonie solennelle sur le parvis de la basilique Saint-Pierre de Rome, parmi lesquels 18 – ceux qui sont âgés de moins de 80 ans – pourront participer au prochain conclave.

Comme de coutume, les futurs cardinaux s’agenouilleront devant lui pour recevoir leur barrette, une toque quadrangulaire dite de «pourpre cardinalice» dont la couleur rappelle le sang du Christ versé sur la croix. Le pape leur remet aussi l’anneau cardinalice.

La cérémonie sera suivie de la traditionnelle «visite de courtoisie» au Vatican, réception mondaine sous les ors du palais apostolique.

Le rôle des «Princes de l’Eglise»

Le choix des cardinaux revient exclusivement au pape, qui les sélectionne en fonction des priorités qu’il a assignées à l’Église.

Ils ont pour mission de l’assister dans le gouvernement central de l’Église. Certains vivent à Rome et ont des fonctions au sein de la Curie (le «gouvernement» du Vatican), mais la plupart exercent leur ministère dans leur diocèse d’origine.

En 2013, le jésuite argentin a créé un «Conseil des cardinaux», surnommé «C9», composé de neuf membres visant à l’aider à gouverner et réformer la Curie.

Deux nouveaux cardinaux français

Parmi les nouveaux cardinaux figurent deux Français, tous deux électeurs, dont l’évêque d’Ajaccio, Mgr François Bustillo, 54 ans.

«L’Église doit faire rêver, pas pleurer», a estimé dans un entretien à l’AFP ce Franciscain amateur de football, né en Espagne, qui dit avoir été «surpris» par sa nomination.

L’autre Français est Christophe Pierre, un Breton de 77 ans, nonce apostolique (ambassadeur du Saint-Siège) aux États-Unis depuis 2016 après avoir été notamment représentant du Vatican en Haïti, en Ouganda et au Mexique.

Le collège cardinalice compte désormais six électeurs français avec l’archevêque de Marseille Jean-Marc Aveline, les archevêques émérites Philippe Barbarin (Lyon), Jean-Pierre Ricard (Bordeaux) et Mgr Dominique Mamberti.

La patte Bergoglio

La nomination des cardinaux est scrutée par les observateurs, qui y voient une indication sur la possible ligne du futur chef spirituel de l’Église catholique et de ses 1,3 milliard de fidèles revendiqués.

D’autant que le pape a laissé la «porte ouverte» à une renonciation, à l’image de son prédécesseur Benoît XVI, si sa santé déclinante le justifiait.

À l’issue de ce consistoire, François aura ainsi choisi 99 cardinaux électeurs sur le total actuel de 137, soit environ 72%, tandis qu’environ 22% ont été créés par Benoît XVI et 6% par Jean-Paul II.

Cette répartition pourrait peser sur la majorité des deux tiers nécessaire pour élire un nouveau pape en augmentant la probabilité qu’il partage la vision de François, attaché à une Église au service et décentrée d’elle-même.

Mais l’élection d’un pape est toujours imprévisible et cette tendance est à nuancer, certains cardinaux nommés par François ne partageant pas toujours ses positions, voire ayant ouvertement pris position contre lui, à l’image du conservateur allemand Gerhard Müller.

Un collège plus tourné vers le Sud

Sensible aux «périphéries» et aux communautés minoritaires, Jorge Bergoglio veut renforcer «l’universalité de l’Église». Il cherche à promouvoir le clergé de pays en développement aux plus hauts rangs de l’Église, s’affranchissant de l’usage visant à distinguer systématiquement certains archevêques de grands diocèses.

La liste des nouveaux cardinaux reflète ainsi des régions où l’Église est en expansion, comme l’Amérique latine (3), l’Afrique (3) et l’Asie (2). Elle comprend notamment côté africain les archevêques de Juba (Soudan du Sud), du Cap (Afrique du Sud) et de Tabora (Tanzanie).

L’Asie, qui a vu sa représentation croître en 10 ans, y est représentée par l’évêque de Penang (Malaisie) et celui de Hong Kong, Stephen Chow Sau-Yan, vu comme pouvant jouer un rôle important pour améliorer les relations difficiles entre l’Église et Pékin.

« Cela signifie que le pape entend s’entourer de personnes dotées d’une expérience du monde global, pas seulement dans leur secteur d’expertise. La présence de deux diplomates renforce aussi les liens de l’Église avec la société civile à l’international», affirme à l’AFP le vaticaniste italien Marco Politi.

TVA Nouvelle