Juifs, chrétiens, nous sommes heureux que toutes les communautés de notre pays vivent ensemble », a déclaré le président turc devant une foule de dignitaires religieux et d’officiels, alors que la violence fait rage en Israël et dans les territoires palestiniens.
« Il y a aujourd’hui de nombreux problèmes à travers le monde. La Turquie est un pays où de multiples communautés vivent en paix depuis des siècles », a-t-il ajouté.
« Nous avons toujours protégé les opprimés face à l’oppresseur, c’est notre devoir », a poursuivi M. Erdogan, soulignant que « vingt églises » avaient été rénovées à travers le pays depuis son arrivée au pouvoir il y a vingt ans.
Sait Susin, président de la Fondation assyrienne d’Istanbul, avait exprimé son enthousiasme à la veille de l’ouverture aux fidèles : « C’est la première église construite depuis la fondation de la République turque qui va ouvrir ses portes. Nous sommes très heureux », confiait-il à l’AFP.
Sise sur la rive européenne du Bosphore, dans le quartier périphérique de Yeşilköy, où réside la majorité des chrétiens syriaques de Turquie -les autres étant installés dans le sud-est, non loin de la frontière syrienne- l’église orthodoxe Saint-Ephrem a a été financée par cette communauté, forte de 17.000 membres.
Le gros édifice blanc, posé au milieu d’un quartier verdoyant, est conçu pour accueillir 750 personnes.
Le chef de l’Etat, qui avait déjà posé la première pierre lors d’une cérémonie en août 2019, avait ordonné à la municipalité d’Istanbul de trouver un terrain disponible.
Un an plus tard, en juillet 2020, M. Erdogan, musulman pieux et conservateur, transformait la basilique Sainte-Sophie d’Istanbul en mosquée puis exigeait la conversion de l’église Saint-Sauveur-in-Chora, construite elle aussi par les Byzantins au Ve siècle – qui reste depuis fermé au public.
De Mardin à Damas
Saint-Ephrem devait être inaugurée en février dernier mais l’ouverture a été repoussée en raison du puissant séisme qui a ruiné le sud du pays et fait au moins 50.000 morts, dévastatrice Antakya, l’ancienne Antioche, l’un des berceaux de la chrétienté.
Les Syriens orthodoxes prient en araméen, une langue ancienne qui aurait été celle de Jésus. Situé jusqu’en 1932 à Mardin, dans le sud-est de la Turquie, le siège de leur église est aujourd’hui à Damas, en Syrie.
L’église Saint-Ephrem est la première construite en Turquie depuis la fondation de la République turque en 1923 par Mustafa Kemal Atatürk, rappelle Sait Susin.
Au cours du siècle écoulé, des églises existantes ont pu être restaurées, comme l’a souligné le chef de l’Etat, et d’autres petits édifices ont pu accueillir leurs fidèles en toute discrétion.
Mais c’était « sans autorisation officielle », a expliqué M. Susin à l’agence étatique Anadolu. « C’est la première fois qu’une église est effectivement bâtie. C’est une source de grande fierté », a-t-il ajouté, disant attendre de nombreux visiteurs de tout le pays et même de l’étranger.
Les membres des minorités chrétiennes turques, qui représentent 0,2% de la population selon les estimations disponibles -le pays, laïc, ne tient pas de statistiques sur les cultes-, se plaignent régulièrement d’être traités comme des citoyens de seconde zone dans ce pays très majoritairement musulman de 82 millions d’habitants.
Après l’inauguration officielle, le premier service de la messe appelé « la bénédiction de l’église » aura lieu le dimanche suivant 15 octobre.
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