Il n’’est pas toujours aisé, quand on est un enfant ou un adolescent transgenre, de vivre sa différence dans le milieu scolaire. Si la transidentité est de moins en moins taboue dans la société, les écoles sont souvent démunies face à cette thématique nouvelle. Peur de mal faire, méconnaissance ou hostilité, les freins à l’inclusion restent nombreux.
« Il y a deux ans, un élève a demandé à changer de genre et à changer son prénom pour un prénom masculin. C’était la première fois que ça arrivait depuis la création de l’école. Ça a soulevé beaucoup de questions au sein de l’équipe : fallait-il utiliser son prénom officiel ou le prénom de son choix ? Quid des vestiaires et des toilettes ? Et des cours de sport ? On en a parlé avec les parents et avec leur accord, on a opéré le changement de prénom sur les listes de présence et sur le bulletin. Depuis lors, plusieurs autres cas se sont présentés et on a réagi de la mêmemanière », relate Thomas, enseignant en secondaire. « En général, ça se passe assez bien même si on a parfois peur de mal faire, d’utiliser le mauvais prénom ou le mauvais genre. Mais c’est surtout une question d’habitude. On sait que des cas comme ça vont encore se présenter. Il est important de pouvoir en parler en équipe et d’avoir une marche à suivre pour que ça se passe au mieux pour l’élève », poursuit-il. Malheureusement, toutes les écoles ne sont pas aussi accueillantes. Azur, jeune adulte transgenre n’a pas eu la même chance que l’élève de Thomas.
J’ai commencé ma transition quand j’étais en secondaire, mais je n’ai osé en parler à personne à cette époque. Je me faisais déjà harceler par des professeurs alors j’avais peur que mon coming out aggrave encore ma situation. Je ne voulais pas prendre de risque supplémentaire dans une scolarité déjà chaotique. En fait, j’avais le sentiment que l’école n’était pas prête à m’accueillir comme j’étais. L’établissement était déjà très fermé vis-à-vis de l’homosexualité. Si des filles s’embrassaient dans la cour de récréation, c’était mal vu, contrairement aux couples hétéros. Alors je ne préfère pas imaginer ce qui se serait passé si j’avais annoncé que j’étais trans et prenais de la testostérone », explique-t-il.
Le monde de l’école