Mise au point du Vatican sur l’accès aux sacrements pour les divorcés remariés

Interpellé le 13 juillet dernier par le cardinal Dominik Duka, OP, au nom de la conférence épiscopale tchèque, le nouveau préfet du dicastère pour la Doctrine de la Foi, Mgr Victor Manuel Fernández, propose une série de réponses au sujet l’administration de l’Eucharistie aux divorcés engagés dans une nouvelle union.
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Marie Duhamel – Cité du Vatican

Amoris Laetitia institutionnalise-t-elle l’accès à la Communion? Qui doit évaluer la situation des couples? Un diocèse peut-il prendre une décision de manière autonome? Comment établir l’unité sur ces questions sans perturber le Magistère ordinaire de l’Église? En juillet dernier, l’archevêque émérite de Prague se faisait interprète de l’épiscopat tchèque. Il demandait en son nom des éclaircissements au dicastère pour la Doctrine de la Foi, à la suite de la parution d’un texte des évêques du diocèse de Buenos Aires et à une lettre du Pape adressée à la section pastorale du même diocèse argentin.

Dans sa réponse articulée en dix points, le dicastère pour la Doctrine de la Foi confirme que l’exhortation apostolique Amoris laetitia du Pape François – «un document du Magistère pontifical ordinaire auquel tous sont appelés à offrir l’obéissance de l’intelligence et de la volonté» – ouvre la possibilité d’accéder aux sacrements de la Réconciliation et de l’Eucharistie lorsque, dans un cas particulier, «il y a des limitations qui atténuent la responsabilité et la culpabilité» (AL 301.302).

Fruit «du travail et de la prière de toute l’Église, avec la médiation de deux synodes et du Pape», l’exhortation apostolique du Pape s’appuie, rappelle le dicastère, sur le «magistère des précédents pontifes, qui reconnaissaient déjà la possibilité pour les divorcés de nouvelles unions d’accéder à l’Eucharistie», à condition qu’ils prennent «l’engagement de vivre dans la pleine continence, c’est-à-dire de s’abstenir des actes propres aux époux» comme l’avait proposé Jean-Paul II, ou bien de «s’engager à vivre leur relation… comme des amis» ainsi que le proposait Benoît XVI. François, s’il maintient «la proposition de la pleine continence pour les personnes divorcées et remariées dans une nouvelle union, mais admet qu’il peut y avoir des difficultés à la pratiquer et permet donc dans certains cas, après un discernement adéquat, l’administration du sacrement de réconciliation même si l’on ne peut pas être fidèle à la continence proposée par l’Église».

Un discernement individuel et pastoral

Il ne s’agit pas d’un «permis» établi par Amoris Laetitia. L’accès aux sacrements des divorcés engagés dans une nouvelle union résulte d’un «processus de discernement personnel et pastoral».

Dans ce processus, chaque personne est appelée de manière individuelle à se placer devant Dieu pour lui exposer sa conscience. Dans Amoris Laetitia, il est d’ailleurs écrit (n.300) que les divorcés remariés devraient se demander comment ils se sont comportés envers leurs enfants quand l’union conjugale est entrée en crise; s’il y a eu des tentatives de réconciliation; quelle est la situation du partenaire abandonné; quelles conséquences a la nouvelle relation sur le reste de la famille et sur la communauté des fidèles; quel exemple elle offre aux jeunes qui doivent se préparer au mariage. «Une réflexion sincère peut renforcer la confiance en la miséricorde de Dieu, qui n’est refusée à personne».

Le prêtre appelé à montrer le visage maternel de l’Eglise

Mais évidemment, ce parcours personnel doit recevoir l’appui d’un prêtre. C’est lui qui doit être l’évaluateur de la situation donnée des couples concernés, souligne le dicastère. C’est en effet lui qui «accueille la personne, l’écoute attentivement et lui montre le visage maternel de l’Église, en accueillant son intention droite et sa bonne intention de placer toute sa vie à la lumière de l’Évangile et de pratiquer la charité». Il s’agit d’un accompagnement pastoral comme exercice de la ‘’via caritastis’’ qui n’est autre qu’«une invitation à suivre le chemin de Jésus, précise le dicastère, de la miséricorde et de l’intégration».

En somme, cette prise de conscience individuelle, accompagnée par un prêtre et éclairée par les orientations de l’Eglise, «est appelée à se former pour évaluer et porter un jugement suffisant pour discerner la possibilité d’accéder aux sacrements». Interrogé sur l’opportunité de confier ces cas au tribunal ecclésiastique compétent, Mgr Victor Manuel Fernández précise que dans les situations où une déclaration de nullité peut être établie, le recours au tribunal ecclésiastique fera partie du processus de discernement. Le problème, note le dicastère, «se pose dans les situations plus complexes où il n’est pas possible d’obtenir une déclaration de nullité».

L’aide opportune de l’évêque et de l’épiscopat

Si le prêtre a la charge d’accompagner les personnes concernées, ils doivent être aidés. «Il est possible et même souhaitable, écrit le préfet, que l’Ordinaire d’un diocèse établisse certains critères qui, en accord avec l’enseignement de l’Église, puissent les aider». Et si l’autorité légitime de chaque évêque demeure au sein de son diocèse, Mgr Fernández juge également opportun que la conférence épiscopale se mette d’accord, en vue de l’unité de l’Eglise, sur des critères minimums pour actualiser les propositions d’Amoris Laetitia.

Enfin, le préfet affirme que le processus d’accompagnement n’est pas appelé à se «terminer nécessairement» avec les sacrements. Il peut être orienté vers d’autres formes d’intégration à la vie de l’Église, avec «une plus grande présence dans la communauté, la participation à des groupes de prière ou de réflexion ou l’implication dans divers services ecclésiaux».

Vaticanews