Elon Musk : entre volonté de faire marcher les personnes paralysées et désir d’augmenter l’humain

L’autorisation donnée par les autorités sanitaires américaine le mois dernier à Neuralink, une entreprise d’Elon Musk, de tester des implants cérébraux sur l’homme pourrait permettre d’améliorer la vie de certaines personnes handicapées. Au-delà, le milliardaire, qui se méfie de l’intelligence artificielle, entend faire de ces implants des produits commerciaux sans rapport avec la médecine.

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Le 25 mai, Neuralink a annoncé avoir obtenu l’autorisation de la Food and Drug Administration (FDA) qui se prononce notamment en matière d’essais cliniques concernant des médicaments ou des dispositifs médicaux. Fin 2022, la FDA avait rejeté la demande d’autorisation de Neuralink de procéder à des tests de ses implants sur l’homme en raison de craintes quant à l’éventuelle migration des fils minuscules des implants dans le cerveau. La FDA craignait également qu’il ne fût possible de retirer l’appareil sans endommager le tissu cérébral.

L’autorisation arrive bien plus tard que ne l’espérait l’entreprise de Musk qui prévoyait d’implanter des puces dans des cerveaux humains en 2020, avant de reporter le projet en 2022. Les essais sur des singes ont été critiqués et font l’objet d’une plainte du Physicians Committee for Responsible Medicine (Comité des médecins pour une médecine responsable). L’association dit que, selon les rapports vétérinaires, 16 des 23 singes sont morts durant l’expérience, dont certains ont subi un “traumatisme facial” ou ont été pris de convulsions ou ont connu “des infections récurrentes au niveau des sites d’implantation”. En novembre 2022, Neuralink avait présenté un singe capable de taper du texte grâce à l’interface cerveau-machine permettant de contrôler un clavier virtuel via les ondes cérébrales. Déjà en 2021, la société avait présenté un macaque capable de jouer virtuellement un jeu
L’intérêt médical de l’interface cerveau-machine

Neuralink n’est pas la seule entreprise qui veut utiliser l’activité électrique cérébrale pour l’envoyer vers des ordinateurs qui déduisent les mouvements attendus. En mai, on a appris qu’un Néerlandais paraplégique depuis un accident à vélo en 2011 a pu faire ses premiers pas grâce à un implant qui lit ses ondes cérébrales et transmet les informations à sa colonne vertébrale en à peine 500 millisecondes. Dans ce cas, l’information est captée à la surface du cortex moteur, alors que la procédure de Neuralink est invasive.

La société Synchron se place elle aussi sur le même segment des dispositifs médicaux avec son produit Stentrode, un type de stent inséré par la jugulaire pour atteindre une veine au niveau du cortex moteur sans présenter les risques liées aux méthodes davantage invasives de Neuralink qui nécessitent une intervention neurochirurgicale.

Les implants de Neuralink font 23 millimètres de diamètre et sont composés de 1024 électrodes réparties sur 64 fils qui doivent transmettre les ondes à un ordinateur ou un téléphone par exemple. Les tests effectués sur des truies et des singes ont permis aux sujets de faire bouger, via un récepteur l’information des puces et de faire bouger les membres paralysés.

L’utilisation non médicale pour contrer l’IA

Bien que Musk soit fortement impliqué dans le développement de l’IA, il ne cesse de demander qu’il soit davantage régulé pour protéger l’humanité.

Convaincu que l’IA pourrait surclasser l’intelligence humaine et se présenter comme une menace pour la survie de l’humanité, le milliardaire estime que la seule solution de protéger cette dernière est d’associer les deux. Selon lui, c’est en développant les capacités cognitives de l’homme via la machine qu’il ne se laissera pas surprendre par l’IA. Une crainte injustifiée selon Yann Le Cun, vice-président de Meta en charge de l’IA qui s’est exprimé à ce sujet sur Europe 1 à l’occasion de sa venue en France pour l’édition 2023 de Viva Technology :

“Pour moi, c’est complètement plus qu’improbable pour un grand nombre de raisons. La première raison étant que l’intelligence n’est pas liée à la volonté […] Pour qu’une machine ait la volonté de puissance, il faut que cette volonté de puissance ait été créée.”

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