Dans un communiqué publié il y a quelques jours, le Père Marius Hervé Djadji, Prêtre du Diocèse de Yopougon, informe l’opinion que le concours Miss vierge a été organisé par Monseigneur Jean Salomon Lézoutchê dudit Diocèse. D’après le Père, ce concours s’inscrit dans le cadre d’une pastorale annuelle au cours de laquelle l’Eglise procède à « la valorisation de l’éthique évangélique ».
En outre, l’Eglise soutient que le concours Miss vierge a une justification :
– biblique et spirituelle : « la virginité est une vertue agréable aux yeux de Dieu » et elle est « signe de pureté et d’accueil des grâces de Dieu ».
– culturelle : « dans l’Afrique traditionnelle, la promotion de la virginité existait déjà. Les rites de pureté et de virginité font partie de la morale sexuelle dans plusieurs cultures africaines ».
L’Observatoire International des questions de Droits (OID) approuve l’objectif d’éducation morale, spirituel et sexuelle que l’Eglise attache à cette activité. Cette approbation est d’autant plus opportune que l’OID ne saurait ignorer la réalité que notre société est en proie à une montée en puissance de la dépravation des bonnes mœurs et des valeurs morales.
L’OID soutient l’Eglise comme vecteur de l’éducation morale et spirituel des masses et s’engage auprès d’elle dans toutes les initiatives visant à la protection des femmes, des enfants et des hommes.
Toutefois, l’OID tient à soumettre à l’appréciation de l’Eglise quelques observations afin de l’aider à empêcher que le concours Miss vierge, s’il était maintenu, ne soit détourné de son noble fondement initial pour servir d’autres causes opportunistes et prévisibles.
Au plan spirituel et biblique : s’il est indéniable que la virginité est une vertu agréable aux yeux de Dieu, il s’ensuit dès lors qu’il n’y a point besoin d’une promotion publique des vierges pour que Dieu les connaisse, et les reconnaisse en cette qualité comme symbole de pureté de son saint siège. Dieu est omniscient.
Au plan culturel : dans les sociétés africaines il existe en effet des rites et traditions qui font la promotion de la virginité. Cependant l’OID invite l’Eglise à ne pas négliger la réalité que des rites et cultures africaines instrumentalisent les vierges tantôt comme des objets sexuels, tantôt comme des objets de sacrifices. A titre d’exemple, dans le sud de l’Afrique une certaine culture populaire soutient qu’un rapport sexuel avec une vierge guérirait de la maladie du SIDA.
Au plan juridique : la virginité est un état naturel de la jeune fille qui relève de son intimité et qui s’inscrit dans le droit au respect de la vie privée, droit fondamental. Or l’Eglise ne saurait valablement invoquer l’argument d’une participation volontaire des jeunes filles car il s’agit de mineures et, en tant que telles, leur consentement est nécessairement vicié par leur état de minorité.
En outre, la Côte d’Ivoire est signataire de la Convention internationale des droits de l’Enfant qui lui impose de veiller à ce que l’Enfant soit protégé contre toutes les formes d’abus et d’exploitation.
En tout état de cause L’Observatoire International des questions de Droits attire l’attention de l’Eglise sur le fait que l’organisation d’un tel concours a nécessairement pour conséquence de permettre l’identification et la localisation des jeunes filles vierges, les exposant ainsi à des réseaux de proxénétisme spécialisés en placement de vierges et aux rites et croyances menaçant leur sécurité.
L’OID invite les Ministères chargés de la famille, de l’enfance et des cultes à se saisir de cette question afin de garantir les intérêts des jeunes chrétiennes mineures dans le respect du culte.
Fait à Abidjan
Le 25 août 2022
Pour L’OID Côte d’Ivoire
Le Président
Arsène Douhon
Les commentaires sont fermés, mais trackbacks Et les pingbacks sont ouverts.