Éthiopie : un accord de paix près de deux ans après le déclenchement de la guerre civile

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Il y a deux ans aujourd’hui, le 4 novembre 2020, débutait une guerre civile en Éthiopie opposant le gouvernement fédéral aux Front de libération du peuple du Tigré et le Front de libération oromo. Deux jours avant ce triste anniversaire, les belligérants ont signé un « accord de paix durable » pour lequel l’Eglise catholique avait appelé à prier.

C’est « le début d’une nouvelle aube pour l’Éthiopie, pour la Corne de l’Afrique et même pour l’ensemble de l’Afrique », a salué l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo qui a dirigé l’équipe de médiation de l’Union africaine à Pretoria, en Afrique du Sud, pendant 10 jours. Au-delà de l’Éthiopie, l’Union souhaitait un accord de paix pour mettre fin à une guerre qui risquait de déstabiliser la Corne de l’Afrique.

Un accord fragile qui achève un conflit parsemé de crimes de guerre

L’accord signé par le représentant du gouvernement éthiopien, Redwan Hussien, et le chef de la délégation tigréenne, Getachew Reda, prévoit que le Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) dépose les armes. Le gouvernement va déployer l’armée dans tout le pays et s’engage à rétablir l’acheminement des services et fournitures humanitaires vers le Tigré. Il doit également rétablir l’ordre public, la protection des civils et mettre en place des mécanismes de justice transitionnelle alors que des crimes de guerre ont été commis des deux côtés.

Soutenu par le Front de libération oromo, le FLPT avait lancé une offensive contre l’armée gouvernementale suite au report des élections législatives en raison de la pandémie de Covid-19. Dans un pays de 110 millions d’habitants, les Tigréens qui sont aujourd’hui 6 millions, avaient dominé la vie politique de 1995 jusqu’en 2012, créant des rancœurs entretenues par l’actuel Premier ministre Abiy Ahmed. Au cours de ce conflit, Amnesty International a constaté des viols – notamment avec mutilations génitales-, des exécutions sommaires, des pillages, mais aussi la destruction d’hôpitaux.

Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la Paix en 2019 pour avoir obtenu un accord de paix avec l’Érythrée voisine s’est allié à cette dernière pour mater la rébellion. Les militaires érythréens ont également commis des crimes sur les civils.

Selon l’Agence Fides, le vicaire apostolique de Jima Bonga, Markos Ghebremedhin avait dit prier et espérer « que ces pourparlers apportent un souffle de paix » afin que la nation puisse se reconstruire. Mgr Berhaneyesus Demerew Souraphiel, primat de l’Eglise catholique éthiopienne indépendante de Rome, a remercié tous ceux qui ont voulu obtenir cet accord et souligné « les fruits du jeûne […] et de la prière » des croyants.

La garantie de la paix dépend cependant des modalités de mise en œuvre de l’accord qui restent encore à définir.

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