Laïcité : 120 ans après la loi de 1905, le CNEF ouvre le débat sur la liberté religieuse et les perspectives d’avenir
l’occasion des 120 ans de la loi de séparation des Églises et de l’État, la France célèbre ce 9 décembre un texte fondamental qui consacre la liberté religieuse, la liberté de conscience, l’exercice autonome du culte et la neutralité de l’État.
Lors d’une table ronde organisée le 4 décembre, Nancy Lefevre, directrice du service juridique du Conseil National des Évangéliques de France (CNEF), a rappelé que la loi de 1905 a « instauré la liberté pour les protestants évangéliques, apaisé les tensions et garanti l’indépendance de l’État vis-à-vis de toute religion ».
Trois phases dans la relation des évangéliques à la loi de 1905
Animée par le président du CNEF, Erwan Cloarec, la rencontre a réuni Parvine Lacombe, cheffe du Bureau central des Cultes, et l’historien Alexandre Antoine. Ce dernier a identifié trois grandes périodes structurant le rapport des évangéliques au texte fondateur.
D’abord, ils en furent les « premiers supporters », y voyant un progrès en matière de justice et d’égalité. Durant les Trente Glorieuses, une phase « d’insouciance » s’est installée, portée par un climat de stabilité et de liberté de culte. Mais dès les années 1990-2000, une période de méfiance s’est ouverte, marquée par les premiers rapports sur les dérives sectaires.
« La société change, et cela entraîne une crispation dans de nombreux milieux évangéliques », a expliqué l’historien. Selon lui, deux scénarios se dessinent désormais : celui d’un durcissement réglementaire, ou celui d’un retour au dialogue et à la confiance mutuelle.
« J’espère que nous entrerons dans une nouvelle ère », a-t-il conclu, appelant à concilier liberté religieuse et cohésion nationale.
Usage des lieux de culte : un débat relancé
Profitant de la présence de la représentante du ministère de l’Intérieur, Erwan Cloarec a soulevé la question de l’utilisation des bâtiments religieux. Depuis la loi sur le séparatisme de 2021, les lieux de culte ne peuvent plus accueillir d’activités culturelles, une restriction que les évangéliques jugent contraignante.
« Nous souhaitons que nos lieux de culte puissent exprimer l’amour du prochain par des actes concrets », a plaidé le président du CNEF, estimant que ces espaces pourraient accueillir davantage d’initiatives ouvertes à la société.
Parvine Lacombe a reconnu les limites du cadre actuel, tout en rappelant que la loi ne permet pas, pour l’heure, une telle évolution.
Un moment de recueillement pour conclure
La table ronde s’est achevée par un temps de prière en faveur des autorités françaises, marquant l’attachement du CNEF à la participation constructive au débat public.
Source : infochretiennes.info