L’ONU appelle à une interdiction mondiale de la gestation pour autrui : un tournant historique
Pour la première fois, un rapport officiel des Nations Unies plaide pour l’abolition universelle de la gestation pour autrui (GPA). Présenté ce vendredi devant la Troisième Commission de l’Assemblée générale par Reem Alsalem, rapporteuse spéciale de l’ONU sur les violences faites aux femmes et aux filles, ce document marque une prise de position sans précédent de l’organisation internationale.
La GPA, qui consiste pour une femme à porter un enfant pour autrui, est qualifiée dans le rapport de pratique attentatoire aux droits fondamentaux des femmes et des enfants. Reem Alsalem y dénonce un système d’exploitation qui transforme le corps féminin et la naissance en marchandises.
« La maternité de substitution est clairement responsable de violences, d’abus et d’exploitation à grande échelle contre les femmes et les enfants », a-t-elle affirmé.
Le rapport met en lumière l’essor d’un marché mondial évalué à 14,4 milliards de dollars en 2023, et susceptible d’atteindre près de 100 milliards d’ici 2033. Selon la rapporteuse, les profits bénéficient essentiellement aux agences et aux intermédiaires, tandis que les risques physiques, émotionnels et économiques reposent entièrement sur les mères porteuses.
Une autre préoccupation majeure soulevée concerne l’intérêt supérieur de l’enfant, souvent ignoré dans les accords contractuels. « La séparation programmée entre la mère porteuse et l’enfant qu’elle porte traite ce dernier comme un objet passif d’un contrat, voire comme une marchandise », souligne le rapport.
Cette position de l’ONU s’inscrit dans un mouvement international croissant. Une déclaration conjointe signée par 215 ONG issues de 40 pays appelle les États membres à soutenir l’abolition totale de la GPA. Parmi les signataires figure notamment le Comité protestant évangélique pour la dignité humaine, déjà engagé lors de la conférence de Casablanca en juin dernier, où plus de 300 participants et 20 experts internationaux avaient dénoncé les dérives éthiques et sociales de cette pratique. « Nous avons criminalisé la vente d’organes, interdit le mariage des enfants, mais nous continuons à autoriser l’achat et la vente de bébés », s’était indignée une participante.
Le Comité avait aussi rappelé les contradictions de la GPA dite altruiste, où les « compensations » versées dépassent souvent largement le revenu moyen des mères porteuses, révélant une exploitation économique déguisée.
Dans le sillage de ce rapport, l’Italie, premier pays à avoir interdit la GPA sur son territoire et à l’étranger, a réaffirmé sa position ferme. Sa ministre de la Famille, Eugenia Rocella, a déclaré :
« La maternité de substitution ne doit pas seulement être interdite au niveau national. Il est temps d’en faire une cause internationale. »
Avec ce rapport, l’ONU ouvre un débat mondial sur la dignité des femmes, la protection de l’enfance et les limites éthiques de la procréation assistée.