Bangladesh : des chrétiens battus dans leur village après le baptême d’une ancienne musulmane

Après la diffusion sur les réseaux sociaux du baptême d’une apostate de l’islam bangladaise convertie au christianisme, une centaine de musulmans ont attaqué les chrétiens de son village qui ont dû fuir, sous le regard impassible de la police. L’ONG Christian Solidarity International (CSI) aide les victimes, parmi lesquelles une dizaine de blessés graves.

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Gobta est un petit village du Bangladesh où vivent une cinquantaine de familles devenues chrétiennes au cours des dix dernières années. Le dernier baptême a une fois de plus montré les difficultés à apostasier publiquement l’islam dans le pays, comme le raconte à CSI le pasteur Siraj ul-Haq :

« Début janvier 2023, lors d’une réunion de prière dans notre maison, nous avons baptisé une femme qui avait accepté Jésus-Christ comme son sauveur depuis quelque temps. Des villageois musulmans ont enregistré tout le baptême avec leur téléphone portable et l’ont immédiatement diffusé sur les médias sociaux. »

Le comité de la mosquée locale a alors exigé que tous les chrétiens quittent Gobta. Les islamistes se sont rapidement retrouvés devant la maison de la femme baptisée pour jeter des pierres sur elle et sa famille et les frapper avec des bâtons, raconte son fils, Manik.

Le conseil du village a pu calmer la situation, mais les violences ont repris le lendemain. Manik relate que les islamistes ont alors également attaqué les maisons des autres chrétiens. Tous ont fui, sans réaction des policiers présents :

« Nous nous sommes réfugiés dans les rizières. Mais la foule nous a rattrapés et nous a de nouveau frappés. Ma mère a notamment été violemment battue. Elle fait partie des dix chrétiens qui ont dû être hospitalisés après avoir été grièvement blessés. »

« Les voisins musulmans ne nous parlent pas. »

William Samadder, le partenaire local de CSI, a dû intervenir pour que la police accepte d’engager une procédure. Les chrétiens ont pu rentrer chez eux, mais Manik souligne l’hostilité persistante des villageois :

« Les voisins musulmans ne nous parlent pas. Ils essaient aussi de nous empêcher de sortir dans la rue. Dans leurs magasins, ils ne nous vendent plus rien. De plus, les chrétiens doivent désormais parcourir de longues distances pour pouvoir travailler comme journaliers. Ici, à Gobta, plus personne n’engage un chrétien. Certains essaient de se débrouiller en faisant du transport de marchandises avec leur rickshaw, sachant qu’ils ne peuvent pas faire du transport de passagers, puisque les musulmans refusent de monter dans leur véhicule. »

Outre une assistance juridique aux chrétiens afin de faire condamner les principaux auteurs des attaques, CSI prend en charge les frais médicaux des blessés, leur fournit de la nourriture et des logements d’urgence. Un réseau de pasteurs lancé par Samadder apporte une aide complémentaire.

La mère de Manik se remet lentement de ses blessures, mais ne regrette pas son choix, déclare son fils : « Malgré tout, elle est très reconnaissante d’avoir été baptisée. »

L’apostasie de l’islam, un sujet délicat dans la société

Alors même que la Constitution du Bangladesh garantit la liberté de religion etL’homme qui avait dirigé le rite et sa famille avaient été frappés dans leur maison, et il avait perdu son emploi. Dans cette affaire, la police avait cependant averti que la liberté religieuse devait être respectée.

En 2014, la police avait dû intervenir pour empêcher 200 islamistes d’attaquer des chrétiens lors d’une réunion de baptême et d’évangélisation de musulmans. Les autorités avaient arrêté les 45 personnes participant à la réunion avant de les relâcher dans la nuit et de libérer plus tard les pasteurs sous caution.

Même lorsque les convertis ne subissent pas de violences physiques, ils peuvent connaître le rejet, comme Jalil, habitant de Gobta, chrétien quitté par sa femme et ses enfants après avoir révélé en 2015 qu’il s’était converti huit ans auparavant.

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