En Corée du Sud, des chrétiens nourrissent les plus démunis
"Gilbeot" signifie "un ami dans la rue" en Coréen, et c’est ainsi que de jeunes catholiques voient les personnes démunies dans les rues de Séoul. Pétris de charité chrétienne, ils vont à la rencontre de ces derniers pour leur apporter de la nourriture dans une société où prévaut l’obligation de compétitivité dès l’enfance..
En Corée du Sud, où la pression sociale est forte, une quarantaine de personnes se suicident chaque jour en moyenne. La pauvreté croissante vient aggraver le sentiment de solitude alors qu’un sondage de 2019 pour le quotidien Hankyoreh indiquait qu’environ le tiers des jeunes et des plus anciens se voyaient comme des ratés.
Face à l’inflation qui écrase encore davantage les plus fragiles, de jeunes catholiques se promènent dans la gare de Séoul, vêtus de gilets vert clair et munis de boîtes à repas. Ils sont animés d’une mission : trouver les sans-abri et les personnes souffrant de faim.
Ce groupe porte un nom, “milal” qui signifie “grain de blé”, une allusion aux mots du Christ dans l’Évangile de Jean quant au grain de blé qui doit mourir pour porter du fruit. Les bénédictions que portent ces jeunes chrétiens se présentent sous forme d’une cinquantaine de paniers-repas contenant chacun des plats coréens traditionnels tels que le bulgogi ou du kimchi.
Alors que Milal existe sous son nom coréen dans divers pays, c’est en mai 2021 que le mouvement a été créé en Corée du Sud, au cours de la pandémie de Covid-19 qui a appauvri et affamé des milliers de personnes dans le pays.
Les bénévoles collectent des dons pour préparer chaque semaine de la nourriture pour les démunis. Ils considèrent qu’il s’agit là d’un témoignage d’amour chrétien, comme l’explique leur responsable, Stephen Kim Hyeong-seon :
« En agissant avec Milal, je peux mettre en pratique les enseignements de l’Église, que je n’avais compris que de manière intellectuelle. »
Il arrive que les bénévoles et les sans-abri participent à de petites réunions de prière pour la « paix dans la péninsule coréenne » et pour la « paix en Ukraine ».
Se reconnaître dans le visage des démunis
De son côté, sœur Scholastique Yoon Hye-jeong, une religieuse salésienne, aide les sans-abri dans le cadre de la Gilbeot Love Community, créée par le père John Lee Jae-eul, aumônier de la Société de Saint-Vincent-de-Paul de l’archidiocèse de Séoul. Au début, cinq jeunes volontaires l’accompagnaient, ils sont désormais 35.
Selon ces jeunes, un bol de riz ou un verre de boisson les aide à se lier d’amitié avec les pauvres de la rue et à pénétrer dans le monde des personnes démunies qui luttent chaque jour pour joindre les deux bouts, comme le relate Catherine Park Seul-ji :
« Lorsque je les ai rencontrés, j’ai senti qu’ils n’étaient pas différents de moi, mais plutôt comme ma mère et mon père. »
Susan Yoon Song-hee abonde dans son sens et considère comme une bénédiction de pouvoir soutenir les pauvres :
« Je suis reconnaissante à Dieu de m’utiliser comme un outil pour apporter de l’amour à ceux qui sont dans le besoin. »
Bien que la Corée du Sud soit une nation économiquement développée, environ 15 % des 51,6 millions d’habitants du pays vivent encore dans la pauvreté. Ce sont surtout des organisations religieuses chrétiennes et bouddhistes qui prennent en charge les démunis en fournissant des repas gratuits, mais aussi un peu d’argent depuis 1990.
Le jeudi, nombreuses sont les personnes âgées à faire la queue devant les églises pour recevoir quelques pièces de monnaie, un goûter. Elles étaient déjà 300 à 500 devant les lieux de culte en 2015.
infochretienne.com
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