L’horrible meurtre d’une mère de famille hindoue au Pakistan mobilise les autorités et des chrétiens

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Daya Bheel, une veuve de 42 ans et mère de cinq enfants de la minorité hindoue au Pakistan, a été victime d’un crime innommable le 26 décembre, dans la province méridionale du Sindh. La police, qui a retrouvé sa dépouille mutilée et jetée dans un champ de moutarde, envisage un meurtre lié à la sorcellerie.

Daya, une veuve d’une quarantaine d’années – l’âge mentionné varie entre 40 et 44 ans – et mère de cinq enfants ramassait du foin dans un champ avec sa fille le 26 décembre dernier. Elle avait demandé à cette dernière d’en porter la première pile à la maison, tandis qu’elle continuerait à confectionner la seconde. À son retour, la fille a constaté la disparition de sa mère.

N’ayant retrouvé que le foulard de Daya, elle est allée demander de l’aide de la famille qui a continué les recherches, avant qu’un oncle n’appelle la police locale. Aidés de chiens renifleurs, les policiers ont retrouvé le corps de la disparue le lendemain, jeté dans un champ après avoir subi les pires outrages. Daya a en effet été violée, décapitée tandis que son crâne a été dépecé et ses seins coupés.

La police priée d’agir promptement et scrupuleusement

La police de Shangar, la capitale du district du même nom, a constitué une équipe spéciale pour enquêter sur le crime, et le quotidien libéral Dawn indique qu’il lui a été « rigoureusement demandé de faire des efforts scrupuleux » en vue d’arrêter les coupables.

En effet, les autorités du pays ne prennent pas toujours au sérieux les crimes contre les membres des minorités religieuses, et cette demande intervient alors que la communauté hindoue craint que l’enquête ne soit bâclée. Aurat March, une association pakistanaise organisant des marches en faveur des droits des femmes et des minorités au Pakistan, a publié un tweet demandant aux autorités d’agir pour qu’il n’y ait pas de règlement à l’amiable ou que la résolution de l’affaire ne tarde pas.

Les enquêteurs ont, dans un premier temps, interpellé une trentaine de personnes en trois jours, dont l’un des frères de Daya et son neveu de 13 ans qu’elle a fini par relâcher. Ce dernier a déclaré au média The Rise News avoir été torturé pour qu’il avoue sa participation au crime.

Des sorciers figurent parmi les personnes interrogées par la police. Celle-ci a retrouvé une faucille sur les lieux qui a, apparemment, servi lors du meurtre. Il s’agit d’un instrument typique de ceux utilisés lors des crimes de sorcellerie dans la région. La police d’Hyderabad, de la deuxième ville de la province du Sindh, examine l’outil. Les données d’appel du téléphone de la victime et de l’un des sorciers interpellés indiquent qu’ils avaient été en contact. Selon la police, le mari de Daya est décédé dans une affaire impliquant un sorcier.

Le recours aux sorciers n’est pas une pratique inhabituelle au Pakistan et touche toutes les communautés. En août 2021, l’Assemblée nationale a cependant rejeté une proposition de loi visant à criminaliser ces pratiques et les rendre passibles d’une amende d’un million de roupies et sept ans d’emprisonnement. En 2015, un homme avait été arrêté pour avoir décapité le corps d’une femme dans une affaire de magie noire. Tandis qu’en 2019, une femme avait brûlé ses deux enfants avec une bougie dans un rituel magique.

Le soutien du gouvernement et d’une organisation chrétienne

Le ministre fédéral de la lutte contre la pauvreté, Shazia Marri, assuré la famille de Daya du soutien du gouvernement pakistanais, et le ministre des Minorités, Gianchand Esran, lui a rendu visite et remis un chèque de 500 000 roupies (à peu près 2 080 euros) pour l’aider. La British Asian Christian Association, une organisation de soutien aux chrétiens persécutés au Pakistan, s’est également rendue auprès de la famille et a promis de l’épauler financièrement.

Bheel – ou « Bhil » – est le nom de la tribu hindoue à laquelle appartenait Daya et qui constitue près de 9 % de la population du Sindh.

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